ZWEIG, Stephan

24 heures de la vie d'une femme

Nouvelle. 24 heures de folie dans une existence bourgeoise, qui y ont pour toujours ancré le remords et la honte, honte d'avoir, pendant ce bref intervalle, lié sa vie et son corps à un jeune homme dévoré par sa passion du jeu et sa malchance.


Joseph Fouché

Sans indulgence mais non sans une certaine admiration, Zweig conte la vie de Joseph Fouché, éternel renégat, animal politique qui a enterré successivement Robespierre, Barras, Napoléon, et dont le seul péché a consisté à ne pas savoir se retirer assez tôt pour que sa longue et impressionnante ascension ne soit pas suivie d'une rude déchéance.

2010-01

La confusion des sentiments

Roman. Roland, un étudiant en philologie anglaise, est envoyé en province par son père afin qu'il prête plus d'attention à ses études. La rencontre avec un fascinant professeur ouvre son esprit : il se passionne pour le théâtre élisabéthain, univers favori de celui qu'il considère désormais comme son maître. La relation qu'il engage avec celui-ci est tumultueuse. Plein d'enthousiasme, Roland cherche à gagner une amitié qui se dérobe sans cesse à lui, le torturant, malgré de nombreuses marques d'affection. Il trouve de temps à autre refuge auprès de la femme du maître, mais finit par ne plus supporter cette douloureuse situation. Avant son départ le maître lui dévoile son homosexualité - secret qui empoisonne son existence - et son amour pour lui. De cette tragique aventure, l'étudiant ne gardera que le goût des lettres anglaises.


La pitié dangereuse

Le lieutenant Anton Hofmiller, d'origine modeste, a grandi au sein de l'armée. Alors qu'il est en garnison dans une petite ville autrichienne, il est introduit chez les riches Kekesfalva. Au milieu d'une soirée idyllique, il commet un grave impair, en invitant la fille de Kekesfalva, Edith, à danser, alors que celle-ci est infirme. Par pitié pour la jeune femme, et par honte d'avoir fui après l'incident, il lui envoie des fleurs, puis se met à lui rendre quotidiennement visite. Kekesfalva est éperdu de reconnaissance pour cet homme qu'il croit bon et qui rend sa fille heureuse. Mais la pitié du jeune homme se transforme vite en poison : elle le pousse à promettre à la jeune fille et à son père une guérison rapide - déformant les propos du médecin de famille, qui lui avait fait part d'un simple espoir, vite démenti - et, bien pire, son attitude rend Edith passionnément amoureuse de lui. Lorsque les sentiments de la jeune fille transparaissent, il est glacé d'effroi, révolté que cette infirme ose l'aimer, terrifié à l'idée d'être captif de cet amour et de la pitié que lui inspire le père. Il s'inquiète aussi du qu'en dira-t-on, imaginant les railleries de ses camarades vis-à-vis de cette femme infirme, du caractère financièrement intéressé qu'on pourrait prêté à sa pitié, du passé de Kekesfalva (un homme d'affaires peu honorable mais depuis amendé). Hofmiller tente de fuir, mais Condor, le médecin de famille qu'il va voir à Vienne, le persuade que ce serait un assassinat, car il est évident qu'Edith ne supportera pas de se voir repoussée (elle qui accepte le faux nouveau traitement et ne veut guérir que pour être digne d'être aimée). Il lui enseigne que la pitié, quand elle n'a pas la force d'aller jusqu'au bout des capacités humaines, n'est qu'un lâche réflexe pour se débarrasser d'une situation insupportable (c'est effectivement pour se débarrasser de la douleur du père que Hofmiller transforme les paroles de Condor en traitement miracle). Le médecin, qui tente de composer au mieux avec les lâchetés et les mensonges, propose au lieutenant de simuler une certaine tendresse jusqu'au départ de la jeune femme pour la Suisse, où il espère qu'à défaut de nouveaux traitements, l'effet placebo apportera peut-être une amélioration susceptible de compenser la déception de ne pas guérir tout à fait. Hofmiller se montre d'abord maladroitement incapable d'offrir à Edith autre chose qu'une pitié qu'elle refuse. Après une scène pénible, la jeune femme renonce à son traitement. Pour la décider à partir, sous la pression du père, toujours habile à susciter la pitié du jeune homme, le lieutenant accepte d'épouser Edith lorsqu'elle sera guérie (en tablant bien qu'elle ne le sera jamais). Suivent de joyeuses fiançailles, où Hofmiller connaît l'impression grisante d'être une sorte de Dieu pour les Kekesfalva. C'est cependant le dernier effet positif de sa pitié : car la soirée se termine par une pathétique chute d'Edith et par la fuite, une fois de plus, de son amour paniqué qui n'a pas la présence d'esprit de la relever. Croisant ses camarades en ville, il nie énergiquement s'être fiancé, avant de réaliser la lâcheté de sa conduite. Son colonel, à qui il se confie, lui donne ordre de quitter la garnison, avec la promesse d'arranger les choses. Alors qu'il passe par Vienne, Hofmiller, pris de remords, confie à la femme de Condor une lettre à remettre au plus vite à Edith, dans laquelle il confie sa lâcheté, son repentir et promet de la rejoindre au plus vite. La lettre arrivera trop tard. Edith se suicide et l'archiduc François-Ferdinand est assassiné. La bravoure dont Hofmiller fera preuve pendant la guerre ne lui permettra pas d'oublier les effets desastreux de sa lâche pitié.

Hofmiller, dans l'admirable portrait qu'en fait Zweig, est surtout coupable d'immaturité, d'aveuglement, victime de son milieu (vision étriquée de l'honneur, crainte de la médisance de sa famille, de ses camarades) et de son coeur, qui sans être franchement mauvais - il est sincèrement heureux d'apporter un soulagement - est tout simplement humain, trop humain, trop faible pour ne pas céder à la pitié quand elle surgit en lui, trop faible pour assumer sa pitié jusqu'au bout. A Hofmiller, Zweig oppose la figure du pragmatique et dévoué Condor, qui tente d'arranger les choses sans juger et qui est lui-même l'époux délicat et prévenant d'une aveugle, au grand mépris de sa famille et de ses pairs.

2008-08

 
litterature/fiches/zweigstephan.txt · Dernière modification: 2010/02/12 17:14 (édition externe)     Haut de page