MONTHERLANT, Henri de

La Reine morte

Drame. A la cour du Portugal, le roi Ferrante veut que son fils épouse l'infante de Navarre. Mais Perd a épousé en secret Dona Inès, dont il a un enfant. Les conseillers du roi veulent la mort de Dona Inès. L'infante blessée repart en Navarre, proposant à Dona Inès de venir avec elle pour échapper à la mort, ce qu'elle refuse. Ferrante se refuse d'abord à tuer Inès. Mais il se confie à elle, lui montre sa faiblesse. Et, après l'avoir laissée partir, confiante, il ordonne son assassinat, bien qu'il soit conscient de l'inutilité de cet acte. La maladie dont il était atteint l'emporte après avoir donné l'ordre. La pièce s'achève sur les pleurs de Perd, face aux cadavres réunis d'Inès et de son père. “Il y a des mots que l'on dit et les actes que l'on fait, sans y croire. Il y a les erreurs que l'on commet, sachant que ce sont des erreurs. Et il y a jusqu'à l'obsession de ce que l'on ne désire pas.” (Ferrante).


Les Bestiaires

Alban est un jeune noble français, assez anticonformiste si l'on en juge par sa franchise et son mépris pour les gens du monde. Epris de corrida, il part en Andalousie se frotter aux cornes des taureaux. Il attire Soledad, la fille d'un noble espagnol, dont il s'éprend. Mais lorsque celle-ci lui demande en gage de ses faveurs qu'il affronte un taureau particulièrement redoutable, il décide de ne combattre le fauve que pour mieux dédaigner ensuite les faveurs de l'orgueilleuse demoiselle. Il repart en France après un combat triomphal, malgré quelques déboires préalables, et s'en va vivre en Camargue au milieu des taureaux d'un de ses parents. Une approche très mystique de la corrida (Mythra), différente de celle - plus strictement humaine - d'Hemingway.


Les Jeunes filles

Le cycle des Jeunes filles est composé de quatre romans : Les jeunes filles, Pitié pour les femmes, Le Démon du Bien et Les Lépreuses.

Le héros de cette quadrilogie, Pierre Costals, est un écrivain libertin, assez nietzschéen, tour à tour grand prince et cynique, dont la seule véritable attache est un fils, Philippe (surnommé Brunet).

Le cycle commence par la correspondance que Costals entretient avec deux jeunes admiratrices, une mystique, Thérèse Pantevin, et une laide intellectuelle provinciale, Andrée Hacquebaut. Costals tente de repousser la seconde sans la blesser. Ses délicatesses nourrissent chez celle-ci de folles illusions : elle se persuade que Costals l'aime timidement. Après que celui-ci lui a prouvé le contraire avec une cruauté et une muflerie sans égales, mais pas imméritées, elle préfère croire qu'il est homosexuel plutôt que de s'avouer qu'il ne la désire pas.
Pendant ce temps, Costals séduit une autre jeune fille, Solange, dont la beauté et la malléabilité l'attirent. Leur relation prend de l'ampleur jusqu'au dépucelage de la demoiselle, qui se révèle être impertubablement frigide et benoitement stupide, quoique très sincèrement amoureuse. Attaché malgré tout à sa fragile personne, il doit bientôt se débattre contre le monstre hypogriffal (le mariage). L'envie de fuir grandit mais le démon du bien (sa pitié envers elle) l'empêche de la repousser définitivement, bien qu'elle le vide de sa substance et l'empêche d'écrire.

Lorsque son refus du mariage commence à affecter la santé de Solange (décalcification, amaigrissement), il accepte brièvement de l'épouser pour la guérir. Il revient rapidement sur sa promesse et s'enfuit au Maroc où il retrouve Rhadidja, une jeune fille qu'il retrouve régulièrement et qu'il a surnommé Terremoto en raison de ses orgasmes. Celle-ci lui apprend qu'elle a contracté la lèpre. Par bravade, il lui fait tout de même l'amour avant de l'envoyer se soigner dans une clinique. Il s'amuse et se terrifie quelque temps avec l'idée qu'il va lui aussi avoir la lèpre. L'illusion passée, il parvient à se débarrasser de Solange (qui en épouse un autre) et d'Andrée (qui cesse enfin de lui écrire). Il repart à la chasse, plus hédoniste et égoïste que jamais.

A l'histoire s'ajoute un appendice empli de réflexions tour à tour justes et mysogynes (souvent les deux à la fois). Voilà un livre qui mériterait d'être placé entre les mains de toutes les jeunes filles pour leur purger l'esprit du sentimentalisme dont on les berce depuis leur plus tendre enfance. Le cycle dans son ensemble constitue une brillante satire du mariage, de l'amour romantique (l'“Hamour”), de l'hypocrisie morale, de la bêtise bourgeoise (les parents de Solange), du conformisme et bien sûr, des femmes. Si cruel qu'il puisse être, le regard du narrateur n'est jamais vidé de toute tendresse (traitement du père de Solange, par exemple). D'autre part, malgré l'évidente sympathie de l'auteur pour Costals, ce dernier n'est pas épargné : tergiversations, mesquineries, égotisme, fatuité… il n'est pas exempt de ridicule. Mais par sa vie libre, pensée, dont il s'efforce de faire un chef-d'oeuvre, envers et contre tout (à commencer par sa mauvaise conscience), il demeure incontestablement séduisant.


 
litterature/fiches/montherlanthenride.txt · Dernière modification: 2007/12/20 22:44 (édition externe)     Haut de page