DRUON, Maurice

Les rois maudits

Le roi de fer

Roman historique. 1314. Philippe le Bel, le roi de fer, entre dans sa dernière année de règne. Il a rattaché à son royaume la Bourgogne et la Franche-Comté par des alliances, il a marié sa fille Isabelle au roi d'Angleterre Edouard II (homosexuel notoire). Instaurant un Etat plus centralisé, il a réduit le pouvoir de la chevalerie et augmenté celui des bourgeois sous l'influence de son conseiller Marigny (premiers Etats généraux). Il a accablé son royaume d'impôts (sans tenir compte de la mauvaise situation économique), a spolié les juifs par deux fois pour remplir ses caisses. Il a renversé le pape Boniface VIII et a mis à sa place un Clément V soumis, retenu en Avignon. Surtout il a mis à mort les templiers, son garde des Sceaux Nogaret leur arrachant sous la torture les aveux d'hérésie et de sodomie. Mais en mourrant dans les flammes, Jacques de Molay, le grand-maître de l'ordre, l'a maudit, ainsi que Clément et Nogaret. Ces deux derniers meurent peu après. Philippe le Bel ne tarde pas à les rejoindre. Son fils Louis dit le Hutin (imbécile) lui succède. Mais sa femme Marguerite, comme celle de ses frères Philippe et Charles, ont été emprisonnées en raison de leur inconduite (dénoncée par Robert de Valois par vengeance envers leur mère la comtesse Mahaut), sans que le mariage soit pour autant annulé. La descendance n'est donc assurée que par le fils d'Isabelle : voilà la guerre de Cent ans annoncée.

La reine étranglée

Une fois Louis le Hutin installé sur le trône, la bataille s'engage entre Charles de Valois, l'oncle du roi, partisan des barons et du bon vieux féodalisme et Enguerrand de Marigny, qui avait avec Philippe le Bel commencé à constituer un royaume unifié (en supprimant le droit de guerre des barons ainsi que le droit de battre monnaie). De son côté, le roi n'a qu'un désir : trouver une nouvelle femme, ce qui nécessite l'annulation de son mariage avec Marguerite (l'adultère ne constituant pas un motif suffisant). Il faut pour cela que Marguerite reconnaisse que le mariage n'a pas été consommé. La deuxième solution consiste à élire un pape qui consentira à trouver un motif. Persuadé que seul Marigny pourra lui en fournir un, il le conserve donc au pouvoir. Lorsque Marguerite se rend afin de sortir de sa prison, la lettre tombe entre les mains de Marigny qui y voit sa perte puisque le roi pourrait alors se passer de Pape et donc de lui. Finalement, lorsque le roi découvre que Marigny retarde le conclave et que le temps presse (car sa nouvelles promise lui a fixé un ultimatum), il décide de tuer discrètement Marguerite et de faire condamner Marigny. C'est le triomphe de Valois.

Les poisons de la couronne / La loi des mâles / La louve de France / Le lis et le lion / Quand un roi perd la France.

Extinction de la dynastie des capétiens, que Druon associe fortement à la querelle entre Mahaut et Robert d'Artois. Louis le Hutin meurt (empoisonné par Mahaut selon l'auteur). Sa femme Clémence, donne naissance à Jean le Posthume, mais celui-ci trépasse peu de temps après (empoisonné par Mahaut, également). Il est remplacé, non sans peine, par son frère Philippe V le Long, qui s'impose au détriment de Jeanne la Petite (fille de Marguerite de Bourgogne, qu'on soupçonne de bâtardise : c'est à cette époque qu'est inventée la fameuse loi salique). Pour compenser le préjudice, on promet vaguement à Jeanne, soutenue par la Bourgogne, la Navarre. Le règne de Philippe V n'est pas assez long pour qu'il puisse réparer toutes les erreurs de son prédécesseur, ni prévenir celles de ses successeurs. Il fait tout de même élire un pape intelligent et attaché à la France, Jean XXII. Mais il ne laisse pas d'héritier mâle. Son frère, Charles IV le Bel, se laisse entièrement gouverner par les Valois. Lui aussi meurt sans laisser d'héritier mâle. La dynastie capétienne s'est éteinte en 14 ans. On met alors sur le trône de France Philippe VI de Valois (fils de Charles de Valois), malgré les revendications (peu appuyées) d'Edouard III, qui a succédé en Angleterre à son père Edouard II, chassé du trône par la reine Isabelle et son amant Mortimer, avant d'être assassiné. Pour asseoir sa légitimité, Philippe concrétise la vague promesse de Philippe V en donnant la Navarre à Jeanne, démantelant l'oeuvre de Philippe le Bel. Son règne fut marqué par la peste noire. Robert d'Artois, tout puissant à la cour de France, parvient à faire empoisonner sa tante Mahaut avant de faire rouvrir le procès de la succession d'Artois. Mais, convaincu de faux, il s'exile et atterrit en Angleterre, où il pousse le roi Edouard III à la guerre. C'est donc le début de la guerre de Cent ans (1337). Robert d'Artois meurt assez rapidement devant le siège de Vannes. Le sot Philippe VI est écrasé à Crécy. En mourant quelques années plus tard, il laisse à la France un héritier plus médiocre que lui, Jean II, surnommé, Dieu sait pourquoi, le Bon, qui se met à dos la Navarre (Charles II le Mauvais), entre autres bêtises. Druon nous abandonne alors que celui-ci vient d'être fait prisonnier lors de la bataille de Maupertuis (1356). Les racines de la guerre de Cent sont à rechercher bien loin, depuis Aliénor d'Aquitaine (la Guyenne appartenant au roi d'Angleterre, celui-ci devenait vassal du roi de France, source de conflits) jusqu'à la médiocrité des Valois, en passant par la tour de Nesles, les querelles d'intérêts personnels… Philippe le Bel avait laissé un empire solide : on le quitte complètement déchiré.


ScPo

 
litterature/fiches/druonmaurice.txt · Dernière modification: 2007/12/20 22:44 (édition externe)     Haut de page