IRVING, John

Le monde selon Garp

Féministe avant l'heure et sans le savoir, Jenny Fields est une femme aux idées bien arrêtées, qui choisit d'être infirmière plutôt que de chercher un riche époux, qui saigne (sans le tuer) un type qui cherche à la tripoter au ciné (elle ne comprend pas la concupiscence) et qui finit par se faire engrosser par un soldat inconscient et voué à une mort prochaine, pour être sûre d'avoir un enfant sans avoir à subir un homme. Elle met au monde un petit garçon, Garp, lequel décide plus tard de devenir écrivain. En attendant, il suit des études dans la bonne école de Steering, où il devient aussi un excellent lutteur, par ailleurs amoureux de la fille de son professeur de lutte, Hélène, qui, comme Jenny, passe son temps à lire. Après son diplôme, Garp part avec sa mère en Autriche pour découvrir l'Europe. Tandis qu'il écrit une nouvelle qui convaincra Hélène de l'épouser, sa mère écrit son autobiographie, Sexuellement suspecte, dont le succès retentissant en fait la figure de proue du féminisme. Garp, marié et père au foyer de Duncan, puis de Walt, écrit deux romans et couve ses enfants, tentant vainement de les protéger de tout danger. Il trompe occasionnellement Hélène qui finit par le tromper également, plus sérieusement. Lorsqu'il l'apprend, Hélène renonce aussitôt à sa liaison. Mais lors de cette sinistre soirée, leur imprudence commune aboutit à un dramatique accident. Duncan perd un oeil, Walt meurt. Après un long rétablissement auprès de Jenny, le couple et Duncan décide de mettre au monde un autre enfant, une fille, Jenny. Garp écrit un autre roman, extrêmement noire, gorgé de violence et de sexe, avec en ligne de mire le mal que peut l'angoisse des hommes vis-à-vis de ceux qu'ils aiment. Quoique mauvais, le livre connaît un succès retentissant. La famille va passer quelque temps à Vienne. Ils reviennent lorsque Jenny Fields est assassinée (pour son action politique et féministe). Garp lui-même sera assassiné par des féministes extrémistes quelques années plus tard. Duncan devient peintre et photographe, Jenny médecin. Hélène meurt à un âge assez avancé.

La première moitié du roman est bonne, grâce au personnage très particulier de Jenny Fields et aux angoisses paternelles de Garp. L'accident qui survient par la faute des parents (faute qu'Irving n'a pas su détacher d'une faute sexuelle, encore un conformisme moral) est d'une triste ironie, qui sert d'avertissement au lecteur. Par la suite, s'il reste de l'humour et du cocasse (dont l'excès finit par peser), le roman perd progressivement son intérêt et l'épilogue foutoir est un indigne bâclage.

2011-01

Un mariage poids moyen

Un couple d'universitaires en instrumentalise un autre pour tenter de retrouver son équilibre après une infidélité du mari. Ecrasé par la personnalité de l'infidèle, Séverin Winter, par ailleurs germaniste et entraîneur de lutte, le quatuor a bien du mal à s'épanouir. Le narrateur, écrivain raté peu clairvoyant, cherche en vain à se persuader qu'Edith, la femme de Winter, l'aime et l'estime, tout comme il cherche à ignorer qu'Utch, sa propre femme tombe raide dingue de Séverin, sexuellement parlant au moins. Les choses se dégradent jusqu'à ce que Séverin et Edith plaquent Utch et le narrateur, lequel est ensuite abandonné par sa femme, qui part avec leurs deux fils.
Si certains passages - le passé viennois de Utch et de Séverin, chacun de son côté - sont intéressants et si le choix de la lutte pour servir de toile de fond à l'histoire est original, le roman n'en reste pas moins creux et la morale de l'histoire (les plans à quatre ne marchent pas et les enfants sont la seule chose qui comptent vraiment) est d'une très conformiste banalité. L'humour est présent, les scènes cocasses sont nombreuses, mais cela ne suffit pas à donner de l'étoffe à cette histoire privée qui, au fond, ne nous concerne pas vraiment.

2009-06

 
litterature/fiches/irvingjohn.txt · Dernière modification: 2011/01/06 09:47 (édition externe)     Haut de page