REGAS Rosa

La lune et les ténèbres

Catalogne. Elias, Pia, Alexis, Anna sont les enfants de Manuel, un républicain en 36, un rouge (et donc un exclu de l'Espagne franquiste) et d'une belle femme libre. Les deux époux s'exilent et se séparent. Les enfants sont envoyés dans des établissements étrangers de 1936 à 39, pour être épargnés. Leur retour - c'est là que commence l'histoire - est organisé par leur grand-père, franquiste, catholique. Il obtient la tutelle des enfants et tous les efforts que feront les parents, notamment la mère, pour les récupérer, seront vains. Non content d'arracher ces enfants à leurs parents, le grand-père - c'est ainsi qu'il se désigne lui-même, parlant toujours de lui à la troisième personne - les frustre de tout : de liberté, de connaissance de leur passé (il est des sujets tabous, comme les autres oncles rouges… ), de cadeaux de Noël (tout en préparant chaque année un cérémonial sadique de remise de cadeaux, toujours considérés comme finalement immérités). Quand les enfants tenteront de voir leur mère, ils seront envoyés en maison de correction. Le pensionnat est pour eux un lieu de calme. Car dans la maison du grand-père, la tempête n'est jamais loin. Cette personnalité odieuse et tyrannique fascine. Le grand-père se prend pour un envoyé de Dieu, chargé de porter de lourds fardeaux (les enfants en font partie). Et beaucoup de personnes vivant dans son atmosphère conservatrice et autoritaire le considèrent comme un saint, sans tenir compte des colères aveugles soulevées par des peccadilles (contre les enfants, sa femme… ). Mais le saint homme est torturé dans sa chair par l'ange des ténèbres, la mère des enfants, belle et insoumise, qui le trouble bien plus qu'il ne le voudrait. C'est ce qu'il ne pardonne pas aux enfants. Jamais ils n'auront de compensation à cette enfance volée. Même la mort du grand-père ne leur apportera pas le soulagement escompté.


 
litterature/fiches/regasrosa.txt · Dernière modification: 2007/12/20 22:44 (édition externe)     Haut de page