BURGESS, Anthony

Pianistes

Ellen est la fille d'une danseuse de cabaret et d'un joueur de piano (qu'elle refuse d'appeler pianiste en raison d'un talent trop modeste). Sa mère meurt de la grippe espagnole en 1919. Son père et elle s'installent d'abord chez une tante, puis vont de meublés miteux en meublés miteux. Le père gagne sa vie en accompagnant les films dans les cinémas. Mais l'arrivée des bandes sonores enregistrées et quelques écarts de conduite lui font perdre son emploi. Quant à Ellen, l'école ne la passionne guère. A 13 ans elle est déjà une très belle plante qui attire le regard des hommes. Pendant quelques temps, elle arrondit les fins de mois en se laissant tripoter puis baiser par un homme bien plus âgé qu'elle, sans que cela constitue pour elle un traumatisme. Le père chômeur retrouve un emploi dans une troupe de cabaret. Mais une intrigue avec l'une des artistes, mariée et néanmoins lesbienne, lui vaut d'être expulsé. Il se lance alors dans un marathon pianistique, qui consiste à jouer 30 jours avec une pause de deux heures par jour uniquement. Alors que l'épuisement réveille sa fibre créatrice (il compose opéra et symphonie en direct), il meurt d'un arrêt cardiaque. Renvoyée chez sa tante, Ellen est bientôt candidate pour intégrer un couvent en Belgique… qui se révèle être un “dépôt” où l'on éduque les filles à devenir des prostituées de qualité. Ellen exerce son métier avec goût et professionnalisme. Elle se marie juste avant la guerre et divorce juste après, quand son mari découvre qu'elle le trompe et qu'elle a été putain. Elle a entretemps conçu un fils, Robert, dont on lui refuse la garde, sans qu'elle la réclame outre mesure, n'ayant pas la fibre maternelle surdéveloppée. Vers 40 ans, elle part ouvrir son propre bordel à Singapour et avec l'aide d'un riche chinois dont elle a aidé le fils, elle fonde des écoles d'amour, pour enseigner aux hommes comment faire l'amour aux femmes. Car de même qu'il faut un apprentissage pour jouer du piano, il en faut un pour apprendre à jouer de ce délicat instrument qu'est la femme. L'histoire se termine sur des retrouvailles avec son fils (joueur de piano non professionnel), le tragi-comique récit de son mariage et l'existence de son fils, qui, revanche du grand-père sur l'adversité, est lui un véritable pianiste.
Un récit vif, dans un délicieux style familier. Il combine habilement l'absence de moralisme et le respect des femmes et de leur corps. L'idée de l'école d'amour fait évidemment rêver. Le jour où la première sera fondée (doublée d'une école pour dames), la révolution sera en marche, car les consciences auront changé et continueront de le faire.

2008-06

 
litterature/fiches/burgessanthony.txt · Dernière modification: 2008/06/19 14:26 (édition externe)     Haut de page