STENDHAL
Armance
Premier roman de Stendhal et pas le meilleur. Octave est le fils unique des Malivert qui retrouvent un semblant de fortune après la loi du million. Caractère sombre et original (politiquement et religieusement parlant, il est plus proche des Lumières que des ultras de son milieu), qui s'est fait un devoir de ne jamais aimer, Octave doit se lancer dans la société. Son esprit et sa hauteur lui confèrent un succès grandissant et les mères guettent cet homme à marier. Lui n'a d'estime que pour Armance de Zohiloff, une cousine pauvre qui l'aime depuis toujours, dans le plus grand secret. Constatant que son fils est à son insu amoureux d'Armance, Mme de Malivert souhaite organiser le mariage des deux jeunes gens mais Armance s'y refuse, ne voulant pas qu'il soit dit, dans les salons où la jalousie et la médisance règnent, qu'elle épouse Octave pour son argent. Quant à Octave, lorsqu'il réalise qu'il aime sa cousine, en dépit de ses voeux, il souhaite une mort qu'il ne trouve pas. Blessé dans un duel, près de la mort, il accepte cet amour, tandis qu'Armance fait un petit héritage qui réduit leur différence de fortune. Le mariage devient possible, un incident le hâte. Mais son annonce provoque la colère d'une société qui ne l'approuve pas. Quant à Octave, il n'ose avouer à Armance son secret. Lorsqu'il s'apprête à le faire, il trouve une lettre d'Armance, contrefaite par son oncle, le commandeur de Soubirane. Il apprend dans cette fausse lettre qu'Armance ne l'aimerait plus vraiment. Il décide d'épouser au plus vite la jeune fille et d'aller ensuite mourir au loin en faisant d'Armance sa seule héritière à condition qu'elle se remarie peu après sa mort. Armance et Mme de Malivert prendront le voile à la mort d'Octave.
La Chartreuse de Parme
Roman. Fabrice Del Dongo, jeune noble milanais, commet la folie de rejoindre les troupes napoléoniennes et assiste à la débâcle de Waterloo. Dénoncé par son frère, il ne peut rentrer en Italie qu'avec l'aide de sa tante, la Pietranera. Veuve, celle-ci se laisse charmée par le comte Mosca - important ministre du royaume absolutiste de Parme - qu'elle rend fou. Pour le suivre en se donnant un statut, elle épouse le duc de Sanseverina. Elle songe ensuite à donner un statut ecclésiastique à Fabrice. Celui-ci fait ses classes à Naples avant de rejoindre Parme. Sa tante, sans se l'avouer, en est amoureuse. Fabrice, de son côté, est pour l'instant étranger à l'amour. Il veut s'amuser avec une petite actrice. Mais l'amant jaloux de celle-ci, Giletti, provoque une bagarre dans laquelle Fabrice le tue. Il doit alors fuir Parme. Pour se venger des hauteurs d'une femme qu'il admire, le prince de Parme, Ernest-Ranuce IV, organise avec l'aide d'un légiste habile (Rassi) la condamnation de Fabrice à une longue peine de prison. Celui-ci, au grand désespoir de la duchesse, est pris. En prison, il rencontre enfin l'amour dans la fille du gouverneur, Clélia. Celle-ci, timide et pieuse, répond cependant à son amour par des échanges de messages de fenêtre à fenêtre. Comme Fabrice refuse de fuir cette prison où il est heureux, comme le lui propose la Sanseverina, c'est Clélia qui le conjure de fuir pour échapper à ceux qui veulent l'empoissonner, trompant ainsi son père. En compensation, elle fait le voeu de ne plus le revoir et d'épouser le prétendant que lui présente son père. Fabrice s'enfuit avec la duchesse mais celle-ci s'aperçoit de sa tristesse et de son manque d'intérêt pour elle. De nouveau en faveur grâce à changement de règne qu'elle a provoquée, la duchesse demande à ce que Fabrice soit rejugé. Celui-ci se constitue prisonnier, ce qui oblige Clélia à le revoir pour le soustraire à une mort par empoisonnement. Innocenté, Fabrice entame une brillante carrière de coadjuteur. La duchesse quitte Parme pour fuir les assiduités du nouveau prince. Le comte Mosca la rejoint et l'épouse. Fabrice, ne pouvant plus voir Clélia, désormais mariée (au marquis Crescenzi) et fidèle à son voeu, devient un prédicateur prisé dans l'espoir d'attirer sa belle. Il y réussit et celle-ci prend en pitié cet amant qui dépérit à vu d'oeil. Elle lui accorde des entrevues nocturnes, sans lumière, (interprétant restrictivement son voeu). Un enfant, Sandrino, naît de cette union. Lorsque celui-ci a trois ans, Fabrice veut le faire enlever. On simule une maladie emportant l'enfant pendant une absence du marquis. Cependant, à peine à l'abri, l'enfant meurt vraiment. Se croyant punie par le ciel, Clélia s'éteint. Fabrice va s'enfermer à la chartreuse de Parme et meurt un an après. La duchesse, qui n'a cessé de l'aimer, ne lui survit pas.
Lucien Leuwen
Roman inachevé. Fils d'un riche banquier bourgeois plein d'esprit, épris de belles manières et de principes moraux, le jeune Lucien Leuwen, intelligent mais peut-être trop naturel, a du mal à trouver la place qu'il doit occuper dans la société. Sous-lieutenant à Nancy, il s'ennuie et est handicapé par son manque de noblesse. Il tombe amoureux de Mme de Chasteller, une femme vertueuse dont il obtient l'amour mais dont il ne sait tirer aucune autre faveur. Un complot lui fait croire que cette femme l'a trompé et l'éloigne de Nancy. De retour à Paris, son père lui obtient une place dans un ministère, où son caractère triste et fier, associé à son bon travail et à l'influence de son père, lui crée autant d'ennemis que d'amis. Il parvient à séduire une belle femme, Mme Grandet, mais sans l'aimer en retour, pensant toujours à Mme de Chasteller. Enfin, son père meurt brusquement, dévoilant une situation financière désastreuse. Après avoir réglé la situation, il obtient une charge en Italie. Le roman s'arrête là, sans que l'on puisse deviner où Stendhal l'aurait mené. Peut-être peut-on espérer des retrouvailles tardives avec Mme de Chasteller, qui réapparaîtrait comme Mme de Renal à la fin du Rouge et le Noir.