NOTHOMB, Amélie
Antechrista
Blanche est étudiante, du genre solitaire invisible, qui rêve d'appartenir à un groupe de rigolards tout en les méprisant. Soudain la belle et très fréquentée Christa s'intéresse à elle, puis squatte chez elle, séduisant les parents de Blanche par sa personnalité de jeune fille gentille, bien dans sa peau, pauvre et qui se bouge pour s'en sortir… Mais Christa se révèle vite dominatrice et envahissante pour la pauvre Blanche à qui elle montre sa face cachée et démoniaque. Pour s'en débarrasser, Blanche enquête. Elle apprend que Christa a une famille riche, un petit copain très laid (contrairement à ce qu'elle prétend). Elle en informe ses parents, qui demandent à Christa la raison de ses mensonges. Humiliée, celle-ci se venge en faisant courir sur la famille de Blanche les pires rumeurs (lesquelles ?) jusqu'au jour où Blanche lui roule un patin en cours, clouant le bec à son ennemie par ce geste héroïque et décalé.
Hygiène de l'assassin
Apprenant que le grand écrivain Pretextat Tach (Prix Nobel) est sur le point de mourir d'un cancer des cartilages, les journalistes se précipitent au chevet de cet obèse impotent et secret qui a écrit sans interruption pendant 30 ans et n'a plus écrit une ligne pendant 24 ans. Tach les malmènent, les désarçonnent, les méprisent au nom de sa lutte contre la mauvaise foi qui pourrit le monde et de sa misogynie, tout en se prétendant le meilleur homme du monde. Il pense non sans raison que personne ne l'a vraiment lu (lecture carnassière qui est censée changer la personne qui lit) jusqu'à ce que ce présente à lui une journaliste, Nina, qui prend le pari de le faire ramper devant elle. Elle lui montre qu'elle l'a vraiment lu et qu'elle a compris que son dernier livre publié, inachevé, Hygiène de l'assassin, est en réalité un livre autobiographique. Tach y raconte comme il avait construit avec sa cousine Léopoldine une relation incestueuse et idyllique, bâtie sur un refus de la puberté (entretenu par une hygiène particulière : peu de sommeil et de nourriture, longues baignades… ). Lorsque Léopoldine a ses premières règles, il l'étrangle pour son bien (et elle se soumet au meurtre, sans l'avoir cependant demandé). C'est alors seulement qu'il devient obèse et écrivain. Après s'être remémoré cet épisode sous l'impulsion de Nina, il admet qu'il a perdu et rampe devant elle. Ce faisant, et manquant de suffoquer, il réalise qu'il aime la journaliste et que celle-ci doit lui apporter la fin qu'il a donnée à Léopoldine. Ce qu'elle fait, avec satisfaction.
Les catilinaires
Emile aime Juliette, sa femme, depuis plus de soixante ans, d'une façon totale. Tous deux aspirent depuis toujours à vivre retirés, se suffisant l'un à l'autre. A la retraite, ils trouvent la maison de leurs rêves. Après quelques jours idylliques, une visite de leur voisin obèse inaugure le début d'un cauchemar. Palamède Bernardin va venir chez eux quotidiennement, de 4 à 6 heures, sans rien avoir à leur dire (sauf oui ou non en réponse aux questions), sans exprimer la moindre notion de plaisir, ce qui en fait “l'Emmerdeur mythologique”. Trop faible, Emile n'ose jamais refuser de lui ouvrir. Le couple souhaitant faire la connaissance de Mme Bernardin, Bernadette, ils voient débarquer chez eux un “kyste”, une énorme femme qui s'exprime par grognements, une pauvre handicapée que Palamède semble prendre un malin plaisir à frustrer, pour lui faire partager son profond dégoût de l'existence. Un jour de courage, Emile le chasse définitivement. Mais il ne retrouve pas immédiatement la paix. Quelques semaines plus tard, Palamède fait une tentative de suicide. Par inadvertance, par réflexe, le narrateur sauve sa morne existence, ce qui lui vaut une haine accrue de son voisin. Juliette tente de procurer un peu de plaisir au “kyste” et se heurte à l'opposition de Palamède qui séquestre sa femme. Emile dit alors à son voisin qu'il comprend son désir de se suicider et qu'il ne l'en empêchera plus. Au rire de son voisin, il comprend que celui-ci attend qu'il le tue pour le débarrasser de la vie. Ce qu'il fait (et la mort de cet obèse dans son sommeil paraît naturel), à l'insu de Juliette. Le couple obtient la garde de Bernadette, faisant de la vie du “kyste” un paradis. Le bonheur semble revenir mais Emile ne sait plus qui il est.
Stupeur et tremblement
Amélie accomplit son rêve de toujours, travailler dans une entreprise japonaise. Elle est rapidement victime de la jalousie et des brimades de Fubuko Mori, sa supérieure et finit son année de travail comme dame-pipi. Nothomb décrit les antagonismes entre cultures japonaise et occidentale, la condition de la femme japonaise. On n'y retrouve pas sa verve habituelle. La vision de la société japonaise semble largement caricaturale (alors que l'auteur est supposé en avoir une bonne connaissance). On se demande pourquoi cette accumulation de clichés a eu tant de succès.