MENDOZA, Eduardo

L'île enchantée

Roman. Fabregas est un barcelonais divorcé qui ne sait plus très bien où il en est. Sur un coup de tête, il plaque la boîte dont il était le propriétaire et part en voyage. Il se stabilise à Venise où il rencontre une jeune femme, Maria Clara Donabella, dont il tombe amoureux, sans bien savoir comment communiquer avec elle. La jeune femme, mystérieuse, le fuit après lui avoir présenté ses parents - propriétaires un peu timbrés d'un palais vénitien en piteux état -, servi de guide et emprunté de l'argent. Lui-même sombre dans une demi-folie avant de retrouver ses esprits, sans en savoir plus sur ce qu'il veut faire. Pendant plusieurs mois, il reste enfermé dans son hôtel, seul (pendant un très bref épisode en compagnie d'une femme rencontrée dans l'hôtel) et ne sortant que pour aller chercher des cassettes vidéo. Finalement, il croise un jour un médecin qui connaît la famille de la belle et l'emmène dans le palais vénitien qu'il avait été incapable de retrouver. Là, il retrouve Maria Clara qui lui explique ce qu'elle lui avait caché jusque là, faute d'avoir trouvé l'écoute dont elle avait besoin : enceinte d'une aventure, elle est partie accoucher à Rome. Fabregas, qui retrouve son équilibre, décide alors de s'occuper du bébé et consacre le reste de sa fortune à restaurer partiellement le palais et à ouvrir un petit commerce qui permette de faire vivre toute la famille. Une atmosphère étrange, mélancolique et douce. Un livre envoûtant.

ScPo

La Ville des prodiges

Petit paysan rendu rageur par les échecs de son père, Onofre Bouvila part à la conquête de Barcelone à l'âge de douze ans. Si les débuts sont difficiles, Onofre se fait rapidement remarqué pour son intelligence. Intégrant un réseau mafieux, il en devient le chef. Ainsi débute son irrésistible ascension vers la notoriété et la fortune, qui passe par le commerce d'armes pendant la première guerre mondiale et par le cinéma (en faisant d'une pauvre fille qui l'aime follement, Delfina, une grande actrice). Cependant, cette réussite n'assure pas son bonheur. Sans héritier mâle, il cède ses affaires à son seul véritable ami lors de l'arrivée au pouvoir de Primo de Rivera et se retire dans une propriété isolée. Là, il finance le projet fou d'un inventeur, par amour pour la fille de celui-ci, Maria Belltall. Lors de l'inauguration de l'exposition universelle de Barcelone de 1929, il s'envole avec Maria dans une étrange machine, qui tombe et disparaît en mer, sous les yeux ébahis du roi et des barcelonais. A travers Onofre, Mendoza évoque l'évolution de la ville entre deux expositions universelles, celle de 1888 et celle de 1929.


La vérité sur l'affaire Savolta

Roman. Une affaire policière racontée par petites pièces. Nous sommes à la fin de la première guerre mondiale, à Barcelone. Javier se fait manipuler par un arriviste français, Leprince, qui s'empare insidieusement de l'entreprise d'armement que l'industriel Savolta a monté avec deux collègues, profitant du conflit pour s'enrichir. Utilisant habilement violence et séduction, Leprince parvient à épouser la fille de Savolta juste après l'assassinat de ce dernier. Il peine néanmoins à gérer l'entreprise dans le contexte de l'après-guerre.
Il n'a guère plus de scrupules dans sa vie privée. En effet, il fait épouser à Javier une ancienne saltimbanque dont les deux hommes sont amoureux, Maria Coral, et entretient une relation avec celle-ci dans le dos du mari légitime. Lorsque la belle fuit avec le garde du corps et complice de Leprince, ce dernier envoie Javier à leur poursuite, espérant se débarrasser de lui. C'est en fait le garde du corps, Max, qui est tué. Maria Coral s'évapore. Quand Javier revient à Barcelone, en pleine grève générale, Leprince est mort dans un incendie de l'usine, sans que l'on sache s'il s'agit ou non d'un accident. Il laisse à Javier une lettre lui demandant de prendre soin de sa femme légitime et l'assurant de son amitié réelle. Ayant retrouvé Maria, Javier émigre avec elle pour les Etats-Unis, d'où il défend les intérêts de la femme de Leprince.


Le dernier voyage d'Horatio II

Le commandant Horatio II, secondé par un équipage aussi véreux et incompétent que lui, est chargé d'emmener vers une destination inconnue de l'espace des groupes sociaux posant problème sur Terre : les Délinquants, les Vieillards imprévoyants et les Femmes dévoyées. De station spatiale en station spatiale, les catastrophes s'enchaînent et l'anarchie s'empare du vaisseau. L'ensemble des aventures est raconté par le héros, dans son “respectueux” rapport, dont le style contraste comiquement avec les faits rapportés. Au-delà de la farce, on sent poindre la critique sociale : hypocrisie des hiérarchies, hypocrisie du langage qui tente vainement de masquer les faits, mise à l'égard de groupes sociaux, discours d'opposition entre Culture et culture de masse… Moins hilarant et moins pertinent que Sans nouvelles de Gurb, mais non sans intérêt.


Le mystère de la crypte ensorcelée (et suivants)

Romans. Avec Le mystère de la crypte ensorcelée, Mendoza entame une trilogie qui comprend également Le labyrinthe aux olives et L'Artiste des dames. Les trois romans content les aventures rocambolesques d'un jeune délinquant un peu dérangé, placé à l'asile et amené malgré lui à enquêter sur de ténébreuses affaires. Le dernier épisode le voit évoluer hors de l'asile, dans une Barcelone corrompue. Les investigations improbables et déjantées du héros couvrent une satire littéraire et sociale aussi acerbe que drôle.


Sans nouvelles de Gurb

Un extra-terrestre atterit sur la Terre (à Barcelone, bien entendu) et envoie son compagnon, Gurb, en éclaireur. Celui-ci ne revenant pas, il quitte à son tour le vaisseau. Les mésaventures de l'extra-terrestre - avec ses facultés spéciales et sa difficulté à s'adapter - sont l'occasion d'une satire sociale gaie et originale, relatée dans une sorte de journal de bord.


Une Comédie légère

Prullas est un auteur de comédies vaudevillesques à succès, marié à une femme riche, Martita, qui vit à Masnou, tandis que son mari passe l'essentiel de son temps à courir les jupons à Barcelone. La dernière pièce de Prullas met en scène Mariquita Pons, une amie et célèbre actrice, et Lili Villalba, propulsée là par son riche protecteur, Ignacio Vallsigori. Prullas tombe amoureux de la jeune fille et obtient également ses faveurs. Peu de temps après, Ignacio, avec lequel Prullas avait sympathisé, est assassiné. Les soupçons se portent sur l'auteur qui joue assez maladroitement au détective pour prouver son innocence, conforté dans ce rôle par celui qui le soupçonne, Don Lorenzo. Pourtant, alors qu'il s'attend à être inculpé, il est libéré et apprend que Don Lorenzo, qui connaissait l'assassin depuis plusieurs jours, s'est moqué de lui. Néanmoins, lorsqu'il cherche à revoir Lili, celle-ci a disparu, à sa grande tristesse. Il décide alors d'abandonner le théâtre et sa jeunesse pour prendre la succession de son beau-père à Masnou. Le tout sur fond se déroule sur fond d'Espagne franquiste d'après-guerre, avec ses inégalités et ses conventions sociales, son vide culturel et sa riche bourgeoisie.


 
litterature/fiches/mendozaeduardo.txt · Dernière modification: 2007/12/20 22:44 (édition externe)     Haut de page