GARCIA MARQUEZ, Gabriel

Cent ans de Solitude

Roman. Grandeur et décadence d'une dynastie, les Buendia (couple originel d'Ursula et José Arcadio Buendia) et parallèlement du village de Macondo, quelque part en Amérique du Sud. Une foison de personnages, avec des hommes qui s'appellent tous Aureliano ou José Arcadio de père en fils et des femmes qui se nomment bien souvent Remedios, Amaranta. Tous ont une sexualité débordante, tous connaissent des destins tragiques, inscrits dans des parchemins condamnés à cent ans de solitude : lorsque ceux-ci deviennent enfin déchiffrables, le dernier des Buendia est emporté par la tempête en en lisant la dernière ligne. Une histoire folle et splendide, un tourbillon de passion.

ScPo

L'amour au temps du choléra

Fermina Daza, fille d'un escroc aux abords respectables, attire les regards de Florentino Ariza, un pauvre jeune homme plein d'avenir, mais un peu falot. Débordant d'amour et de lyrisme pour l'exprimer - car Florentino est particulièrement doué dans ce domaine - le jeune homme courtise la belle avec un mélange de timidité et d'intrépidité. Enfin séduite, Fermina se livre avec lui à des échanges épistolaires qui débouchent sur une promesse de mariage. Mais le père de la jeune fille a vent de l'intrigue et, peu satisfait de la situation de son éventuel gendre, emmène sa fille en voyage pour qu'elle l'oublie. Celle-ci ne l'oublie évidemment pas, mais lorsqu'elle le revoit à son retour, elle s'aperçoit qu'il y a erreur sur la personne et qu'elle ne peut aimer ce fantôme.
Peu après, c'est le docteur Juvénal Urbino, issu d'une des grandes familles de la ville et fraîchement revenu d'un voyage en Europe, qui tombe amoureux de Fermina. Alors que son père encourage cette fois le prétendant, Fermina commence par le repousser fièrement, avant de se laisser séduire. Elle l'épouse et connaît avec lui une vraie vie conjugale, avec des moments délicieux et des frustrations profondes, comme celle de n'être finalement rien d'autre que l'épouse du docteur, avec toute la liberté que lui laisse celui-ci, tout l'affection qui lui porte, mais sans autonomie véritable. L'histoire de leur couple est celle d'un amour qui va s'approfondissant, un lent façonnage de deux êtres qui s'usent l'un à l'autre jusqu'à coïncider à peu près, un émouvant vieillir ensemble. La mort accidentelle du docteur laisse Fermina cernée par la solitude.
Quant à Florentino Ariza, il n'a jamais cessé d'aimer sa belle. Il a connu mille aventures amoureuses, parfois assez longues, il a servi de plume à de nombreux amoureux, et grâce à la vigilance de ceux qui l'aiment, il a fini par se tailler une belle situation. En voyant Fermina vieillir, il réalise qu'il vieillit aussi. Et lorsqu'elle devient veuve, qu'enfin son rêve se réalise, il recommence à lui écrire, des lettres qui sont moins des lettres d'amour que des réflexions sur leur vieillesse, le temps qui passe… Fermina, d'abord rétive, se sent comprise, aidée, lui ouvre finalement sa porte, son amitié puis son coeur. Condamné par certains, cet amour de vieillards est toléré, voire encouragé par d'autres. Florentino et Fermina s'embarquent finalement pour une croisière durant laquelle leur relation éclot comme une fleur tardive. Peu soucieux d'achever le voyage, Florentino, propriétaire de la compagnie, demande au capitaine du navire désert de hisser le pavillon du choléra et d'entamer d'innombrables allers et retours sur le fleuve, à l'abri des regards et comme à l'abri du temps.

Une jolie fable dont le principale mérite est d'évoquer avec tant de justesse le vieillissement d'un couple et la renaissance à l'amour de deux vieillards, dans une chaude ambiance sud-américaine et dans un style éclatant qui prend bien pâles de nombreux écrivains contemporains.

2010-01

L'automne du Patriarche

Roman polyphonique, foisonnant et burlesque, l'Automne du Patriarche met en scène un dictateur sanguinaire à l'incroyable longévité. Le récit constitue une prolixe évocation de son règne, depuis son installation au pouvoir par les Américains jusqu'à son décès : une farandole d'assassinats, de tortures, de viols mais aussi d'étranges lubies de vieillard au corps difforme (au nombre des difformités, un formidable testicule hernié). La toute-puissance du tyran semble souvent se réduire au pouvoir de nuire, car, pour l'essentiel, l'exercice réel de sa souveraineté lui échappe complètement. Ceux qui obtiennent sa confiance monopolisent l'autorité efficiente, lui mentent, falsifie la réalité qui l'entoure, l'isole dans un monde à part, jusqu'à ce que le voile tombe et qu'il les exécute, avant de recommencer avec d'autres. Pendant qu'il tente de gagner les faveurs d'une reine de beauté des pauvres - qui lui échappe -, de faire canoniser sa mère, autre personnage haut en couleur, les puissances étrangères spolient le pays, le dépouille de toutes ses ressources (même la mer des Caraïbes est emmenée par les Américains). Si l'on ajoute à cela les catastrophes naturelles, c'est un pays aux abois que gouverne le général fantôche aux tristes plaisirs, ubuesque, haïssable, pitoyable. Une caricature géniale et complète de toutes les dictatures d'Amérique du Sud.

2007-12

 
litterature/fiches/garciamarquezgabriel.txt · Dernière modification: 2010/01/12 15:00 (édition externe)     Haut de page