FERGUSON, Trevor

La Vie aventureuse d'un drôle de moineau

Sparrow Drinkwater anît d'une mère schizophrène et du père inconnu qui l'a culbutée dans un marais autour duquel elle rôdait la nuit (Sheilagh est quant à elle persuadée d'avoir été fécondée par un grand oiseau noir). L'enfant et sa mère passe d'abord quelques années dans un asile, la mère étant le plus souvent abrutie par les médicaments. Puis une mystérieuse personne qui veille sur eux les faits sortir de là et les projette dans la vraie vie. Lors d'un accident, mère et fils se trouvent séparés. Sparrow est recueilli par un comptable canadien, Boisvert, qui sous une façade vertueuse masque une odieuse manipulation que le garçon commence à entrevoir des années plus tard. Il finit par retrouver sa mère dont on l'avait séparé “pour son bien”. Par un traitement approprié, il parvient à une quasi guérison de celle-ci, qui reste cependant éternellement mélancolique, tout en faisant preuve de beaucoup de fougue et d'énergie. Par ailleurs, en cherchant désespérement qui a manipulé leur existence - il apprendra que c'était finalement son géniteur, un aventurier - Sparrow s'enlise dans des arnaques financières qui l'obligent à s'exiler aux Caraïbes et à se séparer de la famille qu'il avait construit. Le roman s'achève à la mort de Sheilagh, tuée alors qu'elle organisait l'évasion de gentils fous emprisonnés.

La première partie du roman est intéressante (l'asile, le passage à la Nouvelle-Orléans, le réseau de tunnels) et jusqu'au bout le personnage de Sheilagh reste extrêmement attachant. Mais la seconde partie, la quête de Sparrow et ses incompréhensibles magouilles financières, dont on ne comprend pas bien l'articulation, est moins pertinente. Après la magie de la Ligne de feu, on a tout de même l'impression d'un roman beaucoup moins cohérent et réussi.

2009-02

La ligne de feu

Roman. Reed Kitchen est un bavard intempéré. Parler est pour lui une nécessité absolue, la preuve de son humanité. L'autre preuve de son humanité est son attachement au chemin de fer : les animaux ne bâtissent pas des voies ferrées. Kitchen a une conscience des trains, violemment inculquée par son père, qui lui fait croire que c'est lui qui les convoque, les fait surgir du néant. C'est un homme sauvage, somnambule. Un voyant, fou et raisonnable. On l'envoie construire un pont dans une zone pluvieuse. Dans sa nouvelle équipe, qui attend le bavard de pied ferme (“ma réputation m'a précédée”), il noue des amitiés avec Van Kaav et Caleb Farrow, ancien détenu qu'un policier du rail, Mc Bain, le contraint à espionner. Avec eux, il enlève une prostituée, Addie Day, dont Van Kaav est amoureux et qui elle tombe amoureuse de Farrow (tout en couchant avec les deux). Le Chyp - un trafiquant d'hommes dont elle partageait bon gré mal gré les secrets - lancent ses hommes, dont Wart, psychopathe cruel et sanguinaire, à leur recherche. Pendant une absence de Van Kaav et Kitchen, Caleb Farrow est tué tandis qu'Addie parvient à s'enfuir. Van Kaav disparaît pour préparer sa vengeance. Kitchen, contraint par Mc Bain à collaborer avec le Chyp pour aider à le faire coffrer, donne à son ami l'occasion de se venger. Puis Kitchen erre seul dans la ville où il espère que Van Kaav le retrouvera, confronté à la violence aveugle et intense des anciens détenus avec lesquels il cohabite. Alors que tous ces hommes sont enrôlés pour éteindre un incendie, Kitchen est confronté à Wart et à deux accolytes qui parviennent à le pendre avec une lance à incendie (longue course dans un décor calciné - Kitchen n'étant rattrapé que dans une crise de somnambulisme). C'est pendu mais encore vivant que Van Kaav le retrouve, après avoir croisé les cadavres des deux accolytes de Wart. Après une nouvelle errance dans la forêt, Kitchen tue Wart qui poursuivait les deux hommes. Puis Kitchen quitte son ami Van Kaav après l'avoir rendu à la vie en lui apprenant qu'Addie Day était vivante et qu'il devait la chercher.
Une histoire sombre, violente et passionnante, dans un style âpre et beau, éclairée par la personnalité singulière de Reed Kitchen.

2007-02

 
litterature/fiches/fergusontrevor.txt · Dernière modification: 2009/03/05 10:21 (édition externe)     Haut de page