BEAUVOIR, Simone de
La force de l'âge
Suite. De la première année d'enseignement jusqu'à la fin de la guerre. Récits de voyage (Espagne, Italie, Grèce, Espagne), des villes où elle a enseigné (Rouen, Marseille, Paris), des rencontres, des premiers écrits (L'Invitée, Le Sang des Autres), de la relation avec Sartre (période hallucinatoire de ce dernier) et de l'occupation.
Lycée
La force des choses
De la libération à la fin de la guerre d'Algérie. Luttes politiques et rapports de Sartre au communisme. Drame de l'Algérie, vécu comme un drame personnel. Brouille avec Camus. Relation avec Algren. Genet, Leiris, Lanzmann…Expérience de la célébrité. Crainte de la vieillesse et de la mort. Bien que toutes ses promesses de jeunesse aient été tenues, Beauvoir a impression d'être flouée par l'impossibilité de changer le monde. Et cela laisse un goût amer.
Lycée
Le Sang des autres
Roman. Jean Blomart, à la suite d'un incident de jeunesse, a pour principe de ne jamais pénétrer dans la vie des autres, de ne jamais s'engager. C'est pour cette raison qu'il refuse l'amour d'Hélène, avant de l'accepter du mieux qu'il peut lorsqu'il se fait trop insistant…Le destin du monde pèse sur chaque homme : nous sommes condamnés à choisir, refuser de choisir est encore faire un choix. On n'échappe pas à la responsabilité.
Lycée
Tous les hommes sont mortels
Roman. Histoire d'un malheureux mortel qui eût la sombre idée de boire un élixir d'immortalité, et qui poursuit son éternelle vie à travers toutes les époques, considérant que son plus grand crime est d'avoir testé la potion sur une petite souris, condamnée à vivre éternellement, elle aussi. Conclusion, la vie n'est supportable que parce qu'elle a une fin, l'immortalité est la pire des misères, elle prive du repos de la mort.
Lycée
Tout compte fait
La dernière partie des mémoires de Simone de Beauvoir, la moins intéressante aussi. Cela commence par un bel exercice d'auto-justification, sur le thème, “non, rien de rien, non, je ne regrette rien”. Cet attachement à prouver que les choix ont toujours été les bons, que la chance a toujours été favorisée par une attitude propice à l'accueillir, que tout est bien ainsi, paraît un peu suspect, forcé… et tellement humain. L'exercice qui consiste à comparer son destin à celui des autres, toujours catastrophique, est du même acabit et poursuit le même but. Quant on commence à démontrer que l'on est heureux…
Pour le reste, Beauvoir passe en revue ses goûts littéraires, cinématographiques, théâtraux. Elle dresse des compte-rendus - fort instructifs - de ses voyages en URSS, au Japon, en Egypte, en Palestine, en Israël.
Elle fait aussi le bilan (parfois complaisant) de ses luttes : contre la guerre du Vietnam (un bon rappel des atrocités américaines), pour la liberté de la presse (narration un peu gamine des frictions avec la police, avec le ton amusé que seuls peuvent se permettre ceux qui n'ont couru aucun danger, pour cause de notoriété), son soutien au MLF (bon rappel également sur la mentalité de l'époque et ce constat toujours vrai : tout a changé, rien n'a changé), mai 68, la dénonciation des conditions de sécurité dans les usines (rappel des faits horrifiant, là on a tout de même progressé). Beaucoup de causes justes, que sa notoriété a servi à mettre en lumière. Un engagement méritoire malgré l'autosatisfaction. Reste cpdt, ça et là, des traces irréductibles de la distance entre les classes (raconter que Sartre a dormi dans un coron, comme s'il s'agissait d'un exploit ; le jugement terrible et sans nuance sur la pauvre ville d'Arras : des petits riens significatifs). Reste aussi le jugement naïf voire aveugle sur le maoïsme (avec approbation au passage de la révolution culturelle… ceci dit le livre a été publié en 1972 et c'est facile de se moquer).
Au-delà des erreurs, de la mauvaise foi (vis-à-vis d'elle-même, non des autres), il reste une volonté de bien faire, de s'engager, de faire confiance à l'avenir et aux jeunes (d'où, aussi, le soutien aux maoïstes) qui ne peut être oublié.
2007-05