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Le roman de Tristan met en lumière un exemple de désir fou et de ses conséquences fatales, tout en offrant une ouverture vers un amour véritable (et non plus un simple désir sexuel).
Commentaire Si la figure masculine de Tristan domine le récit, le personnage féminin nen est pas moins finement décrit. Le partage du philtre induit une égalité devant le désir : Iseut nest pas une simple proie. Le roman, transmis oralement dans toute lEurope avant dêtre consigné par écrit, permet davoir une idée de limage de la femme à la fin du XIIe siècle. Physiquement, Iseut est belle, mais pas dune beauté gracile. Même si son corps disparaît sous les vêtements, on la devine robuste : les chevaliers exigeaient en effet des compagnes solides. Iseut a également un caractère maternel propre à combler les chevaliers sevrés de présence maternelle : elle guérit, elle console. Cependant, elle na pas denfant. Il est en effet classique dassocier ladultère à la stérilité. Compagne dadultère habile, elle incarne le danger que représente toute femme. Limage dIseut nest donc pas entièrement positive, sa sensualité paraît excessive (Tristan est persuadée quIseut prend plaisir aux caresses de Marc). Néanmoins, comme Tristan, elle nest pas présentée comme entièrement responsable de ses désirs dans un premier temps (à cause du philtre) : on peut y voir une volonté de déculpabiliser les chevaliers prisonniers de fougueux désirs. La culpabilité napparaît quaprès dissipation des effets du philtre : tous deux sont partagés entre amour et devoir. En persistant à saimer, ils deviennent pleinement responsables de leurs actes. Cest un amour malheureux car impossible, mais les deux héros y trouvent une occasion de se dépasser. On rejoint ici une vision plus moderne de lamour.
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