Juette

 

 

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Si nous ne disposons d’aucun écrit de Juette, ses paroles sont rapportées par son propre confesseur, qui militait pour sa canonisation. La médiation masculine n’invalide donc pas le témoignage.

A Liège, Juette est mariée à 13 ans à un époux choisi par son père. Elle subit les brutalités de l’accouplement (accompagnées des souffrances de trois accouchements) pendant 5 ans avant le décès de son mari. Refusant de se laisser marier une seconde fois, elle obtient le droit de rejoindre l’ordre des veuves. Elle est alors tentée par le diable. Elle se délivre de ses apparitions en lui opposant la croix du Christ. Lorsqu’un séducteur veut la violer (une femme ne peut appeler au secours sans se déshonorer), ses prières font apparaître la Vierge qui met  le criminel en fuite. Juette cherche ensuite à se retirer du monde plus complètement : d’une part son père lui a retiré l’administration de ses biens en invoquant sa trop grande prodigalité ; d’autre part, elle souhaite se débarrasser de tous les mâles qui la convoitent. Elle trouve refuge dans une léproserie, espérant s’inoculer la maladie de ceux qu’elle soigne. Après 10 ans passés ainsi, elle obtient d’entrer dans l’ordre des recluses, se faisant emmurer dans une petite maison liée à la chapelle de la léproserie, avec quelques jeunes filles qu’elle souhaite soustraire au mariage. Là ses visions se multiplient : elle est fréquemment accueillie par Notre-Dame pour un mariage mystique. Mais ce qui confère à Juette un important pouvoir, c’est sa capacité à deviner les péchés des autres et à les amener à s’amender. Ce pouvoir, qui conteste celui des chanoines, s’étend surtout sur les femmes (au sein d’un mouvement historique de création d’associations féminines d’auto-défense). Mais il touche assez peu les hommes, qui mettent en doute ses visions et supportent assez mal cette prise de pouvoir. C’est pourquoi Juette ne sera l’objet d’aucun culte après sa mort, les hommes ne souhaitant pas encourager la rébellion des fillettes contre les époux qu’on leur choisissait. La puissance de Juette n’est donc qu’une parenthèse dans l’histoire de Liège.