Malamud, Bernard

L'homme de Kiev

« S'il y avait un Dieu, après avoir lu Spinoza, il avait dû fermer boutique pour devenir une idée »

2008-10
Dieu/Religion

L'homme de Kiev

[Yakov, à propos de Dieu] « Pour gagner un pari minable avec le diable, il a fait tuer tous les enfants innocents et tous les serviteurs de Job. Rien que pour cela je le hais, sans même parler des milliers de pogrom. Ach, pourquoi me fais-tu raconter des contes de fées ? Job est une invention, et Dieu aussi. »

2008-10
Dieu/Religion

L'homme de Kiev

[Parlant de sa découverte de Spinoza] Plus tard, j'en ai lu quelques pages et puis j'ai continué comme si une rafale de vent me poussait dans le dos. Je n'ai pas tout compris, je vous l'ai dit, mais dès qu'on touche à des idées pareilles, c'est comme si on enfourchait un balai de sorcière. Je n'étais plus le même homme. »

2008-10
Expérience Liberté

L'homme de Kiev

« Le malheur l'avait frappé – il y revenait une fois de plus – parce qu'il était Yakov Bok, avec tout un apprentissage à faire. Cet apprentissage, il l'avait fait non sans mal. Grâce à quoi il avait acquis de l'expérience… non, pis que cela, il était l'expérience. Ce qui signifiait aussi qu'il n'était plus le même homme. « Qui l'eût cru ? J'ai donc acquis un certain savoir, mais quel profit en tirerai-je ? M'ouvrira-t-il les portes de ma prison ? Me permettra-t-il d'en sortir et de reprendre ma pauvre existence ? Me libérera-t-il un tant soit peu une fois ma liberté recouvrée ? Ou bien ai-je seulement appris à prendre conscience de ma condition ? Ai-je seulement appris que l'océan dans lequel on se noie est salé et que rien ne sert de le savoir, puisque on s'y noie quand même ? » Mieux valait néanmoins le savoir que l'ignorer. L'homme était fait pour apprendre. »

2008-10
Expérience Soi

L'homme de Kiev

[Bibikov :] « Il y a un adage français qui dit « Plus ça change, plus c'est la même chose. » Il faut bien admettre qu'il y a du vrai là-dedans, et surtout eu égard à ce que nous appelons la « société ». En fait, pour l'essentiel elle n'a pas changé par rapport à ce qu'elle était aux temps les plus reculés, même si nous inclinons plus ou moins à considérer la civilisation comme un progrès. Je respecte l'homme pour les épreuves qu'il doit subir au cours de son existence, et parfois aussi pour la manière dont il les subit, mais il a peu changé depuis qu'il a commencé à se prétendre civilisé, et l'on peut en dire autant de notre société. Tel est mon sentiment, mais maintenant que vous ai fait cette confession, permettez-moi d'ajouter que, comme vous avez pu le deviner, je suis adepte du méliorisme. C'est-à-dire que j'ai décidé d'agir en optimiste du jour où je me suis aperçu que le pessimisme m'empêchait d'agir. On se sent souvent réduit à l'impuissance en face du désordre des temps modernes, en face de la masse d'événements et d'expériences apparemment incontrôlables qu'il faut vivre, essayer de comprendre et si possible ordonner. Mais pour peu qu'on ait quelque chose à offrir, on ne doit pas se soustraire à sa tâche au risque de se diminuer sur le plan humain. »

2008-10
Expérience Société Politique Monde/Humanité

 
litterature/citations/malamudbernard.txt · Dernière modification: 2008/10/12 18:50 (édition externe)     Haut de page