La mode orientaliste en France au XIXe

Au XIXe, les voyages en Orient, facilités par l'amélioration des transports (voies ferrées, vapeur...) se multiplient. Conséquence logique, la masse d'informations concernant la secrète et lointaine contrée augmente, et celle-ci perd de son mystère au grand regret de certains artistes, comme Nerval. La mode des portraits de style oriental décline. Néanmoins, l'orientalisme continue de se développer, et connaît même son plus bel essor. La littérature y participe largement, avec Loti, Flaubert (Salammbô), Gautier, Hugo (Les Orientales) et de nouvelles versions des Mille et Une Nuits (Madrus, Burton). En peinture, si le portrait d'occidentaux en costume s'efface, c'est pour laisser place à des peintures plus importantes, qui mettent réellement en scène l'Orient. Les voyages permettent aux peintres de se documenter, de donner à leur peinture plus de réalisme historique - notamment après 1860 - sans toutefois attaquer le rêve.
 

En effet, les artistes transfèrent leur romantisme sur le pays qu'ils découvrent. Par ce biais, l'existence des mythes, des fantasmes inspirés par l'Orient est sauvegardée, à mesure que la réalité les atteint. La passion pour l'Orient amène même les artistes à prendre position sur des questions politiques : ainsi les Romantiques défendent-ils la cause grecque lorsque la Grèce tente de s'affranchir de la tutelle turque (1820-1830) : Lord Byron perd la vie en 1824 à Missolonghi. L'orientalisme apparaît donc en quelque sorte comme un phénomène social qui trouve dans la peinture son expression privilégiée.

Le Massacre de Scio, Delacroix, Louvre (massacre de grecs par les turcs en avril 1822 ayant soulevé une vive émotion en Europe, comme en soulèveront plus tard Guernica et les massacres de Corée, peints par Picasso)