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Peinture religieuse
Médicis

Fra Angelico

(~1400-1455)

Couronnement de la Vierge (1430)

Le tableau fait apparaître l'espace dans la géographie des lieux,mais pas dans les personnages. Le fond d'or et les auréoles aux positions parfois aberrantes, matérialisent le surnaturel. Les trois hommes qui tiennent des livres sur la gauche sont de haut en bas Saint Jean, Saint Dominique et Saint Thomas d'Aquin. La femme en rouge est Marie Madeleine.

La prédelle représente la vie de Saint Dominique. Le fond doré est cette fois absent.

Comme dans le St François de Giotto, on retrouve le songe d'Innocent III, adapté au cas de St Dominique, identifiable à l'étoile rouge qui resplendit au-dessus de son front . On voit ensuite l'apparition de St Paul et St Pierre, dans les airs. Leurs corps sont incomplets, certains membres disparaissant dans un halo de lumière, qui remplace les ailes du séraphin de Giotto. On note un geste de recul de la part de Saint Dominique, marque de surprise et de terreur sacrée. On peut voir un autre miracle dans le livre jeté au feu qui ne brûle pas.

Fra Angelico, frère dominicain, a beaucoup travaillé pour Cosme l'Ancien (c'est pourquoi il représente souvent Saint Cosme), pas nécessairement directement. La protection que les Médicis offrent aux artistes tend au moins autant à leur passer eux-mêmes des commandes qu'à leur trouver d'autres commanditaires. Le Couronnement de la Vierge n'est pas une commande des Médicis, mais celle d'un autre banquier. En pratiquant l'usure, les banquiers commettaient un péché. Or les dominicains les disculpaient fréquemment dans leurs prêches. C'est pourquoi, ils se montraient particulièrement généreux à leur égard. Cosme finance par exemple la bibliothèque Saint Marco. Ces dépenses fastueuses se justifient aussi par la recherche de la magnificence : l'argent dépensé pour les arts est considéré comme de l'argent dépensé honorablement.

Fra Angelico a longtemps été considéré comme un peintre en retard sur son époque. Dans ce tableau par exemple, il ne fait pas usage de la perspective, bien que celle-ci ait déjà commencé à révolutionner la peinture et la façon de regarder le monde. Il ne s'agit pas là d'une lacune de sa technique. Comme le montre le deuxième élément de la prédelle, il maîtrise parfaitement la perspective. Fra Angelico se place délibéremment dans une logique différente. L'utilisation de la perspective correspond à l'ouverture d'une fenêtre (albertienne) sur le monde et se situe dans une logique de représentation du monde. Fra Angelico ne souhaite pas représenter le monde, mais le divin. C'est pourquoi il utilise de multiples points de fuite qui convergent vers la septième marche du trône (chiffre symbolique). Il n'utilise la perspective que pour isoler le groupe divin.