Les propriétaires


Le commanditaire du tableau fut le Prince Napoléon, en 1848. Celui-ci semble être revenu sur sa commande. Ingres poursuit néanmoins la création de son œuvre, désormais destinée au prince Demidoff.
 


Autoportrait
La toile, achevée en 1859, a la forme d'un petit rectangle. Elle est photographiée sous la direction du peintre, ce qui nous permet aujourd'hui de la comparer avec la version définitive. De premières variantes sont appliquées à l'œuvre et une seconde photographie est prise en 1860. C'est cette version qui est remise au Prince Napoléon, à nouveau commanditaire du tableau. Mais l'étalement ostentatoire de ces chairs nues offense la pudibonde et dévote princesse Clothilde, femme du Prince Napoléon. La toile est donc retournée à son expéditeur qui pour honorer sa commande, se voit dans l'obligation d'offrir au couple un autoportrait de jeunesse, datant de 1804, ce qui lui fend le cœur.


 
 

Reprenant le Bain Turc, Ingres modifie alors une dernière fois sa toile et lui donne la forme circulaire qu'elle arbore aujourd'hui. C'est cette ultime version qui vaut à l'œuvre d'être remarquée par Khalil Bey, ambassadeur de Turquie à Paris. Cet amateur de sujets érotiques est en effet ravi de pouvoir ajouter ce chef-d'œuvre à sa collection, où il rejoint, entre autres, L'origine du monde de Courbet, chez qui le nu, plus réaliste - se reporter pour s'en convaincre à la pilosité restituée du sexe - est également plus obscène. Etrange destination pour une œuvre dont Ingres n'avait pas souhaité, consciemment du moins, faire une toile à connotation excessivement érotique.
L'origine du monde, Courbet, Musée d'Orsay