Les odalisques
 


L'odalisque de Renoir, plus couverte, est plus proche de la réalité.
Dans leurs appartements, les femmes ne sont pas représentées nues. Mais leurs vêtements dévoilent généralement leurs jambes, une partie de leur gorge. Les peintres leur confèrent souvent des corps sveltes - ce qui n'est pas toujours le cas dans la réalité - habillées de voiles transparents, qui laissent deviner des lignes souples et harmonieuses (Jan-Baptist Huysmans, Surveillant bébé).

Ces vêtements légers, s'ils satisfont la sensualité des occidentaux, sont loin d'être réels, puisque les belles orientales se couvraient souvent intégralement. Par conséquent, l'erreur, bien volontaire, qui consiste à représenter ces femmes entièrement dénudées, comme c'est le cas de nombreuses odalisques, est encore plus grande.
Oda désigne dans le harem la cour, la chambre des favorites. Les odalisques sont donc les femmes qui y sont attachées. Elles sont représentées dévêtues, allongées, à la manière de la Vénus d'Urbino, dans une pose indolente, témoignant de la satisfaction de leur sensualité, ce qui n'était pas sensible chez les anciens. Le regard des femmes ainsi offertes, souvent impudique et froid comme celui de La Grande Odalisque, vient généralement compléter l'atmosphère sensuelle. Cette vision de l'odalisque, qui ignore complètement les réalités du sérail, est l'expression pure et simple de fantasmes occidentaux, pour qui le harem est le lieu de tous les plaisirs. Sous couvert d'exotisme et de découverte d'une autre civilisation, les peintres européens donnent à leurs commanditaires l'occasion de contempler des nus dont l'insolence est réprouvée dans l'Angleterre victorienne. Dans les odalisques, la présence d'un séducteur dominateur est suggérée par le point de vue adopté dans la représentation, où le spectateur devient le corrupteur. Ce fait sera encore plus flagrant en ce qui concerne Le Bain Turc. L'odalisque mise à part, il reste encore une représentation privilégiée du nu oriental : celui de la femme au bain.