II - Femmes au bain



 

Le XIXe est un siècle où une morale étroite couvre le corps. Les décolletés des portraits d'Ingres ne sont plus ceux de Rubens (Portrait de Suzanne Fourment), et les sujets un peu trop légers à la Fragonard sont bannis. Les seuls moyens de dénuder le corps féminin sont donc les sujets antiquisants et les peintures orientalistes. C'est pourquoi la femme trouve dans l'orientalisme une place privilégiée.

Portrait de Suzanne Fourment, Rubens, National Gallery, Londres


 

Le harem

Lieu dont l'accès est interdit aux hommes - eunuques et enfants exceptés - le harem n'en garde que plus d'attrait. Haram signifie d'ailleurs à l'origine ce qui est interdit par la loi. Harem désigne ensuite les habitantes du haremlick, c'est-à-dire la partie d'une demeure occupée par les femmes. Enfin le terme en est venu à désigner le lieu lui-même. Alors que le harem est souvent le cadre de disputes incessantes entre rivales, et que les riches propriétaires orientaux cherchent parfois à éviter sa constitution, la peinture donne du harem l'image idéalisée d'un lieu paisible, regroupant des femmes aux poses langoureuses dans une atmosphère emplie de musique et de parfums capiteux. D'autres clichés viennent de la représentation de femmes inactives, occupées seulement à manger quelques fruits et à fumer les fameux narghilés ou les chibouks, secondées en tout par des esclaves (Femmes d'Alger de Renoir, Odalisque à l'esclave d'Ingres). Il s'agit en fait d'une occidentalisation de l'orient, qui consiste à appliquer aux orientales l'oisiveté des nobles européennes.