Les bains turcs
 


Le Bain, de Gérôme
L'acte de se laver est lié en Orient à la religion islamique. Les hammams sont donc extrêmement répandus. Lieu empli d'un vapeur suffocante et de parfums assez lourds, c'est le cadre de tous les soins accordés au corps féminin : épilation - même si la représentation de pubis épilés par les peintres est une convention morale n'ayant rien à voir avec la connaissance de cette pratique - massages, maquillage, coiffure.... Les hommes ne peuvent pas, bien sûr, pénétrer dans le hammam féminin et celui-ci éveille en conséquence la curiosité, d'autant plus qu'il a été dévoilé en partie par le témoignage de Lady Montagu :
"Les premiers sofas étaient couverts de coussins et de riches tapis sur lesquels les dames étaient assises ; sur les autres, derrière elles, se tenaient leurs esclaves, mais sans distinction de rang qui fût marquée par le costume, car elles se trouvaient toutes dans l'état de nature, c'est-à-dire, pour parler franc, absolument nues, ne cachant rien de leur beauté ni de leurs imperfections.

Il n'y avait cependant parmi elles le moindre sourire licencieux ni le moindre geste impudique (... ) belles femmes nues dans différentes postures, les unes jasant, les autres travaillant, celles-ci prenant du café ou du sorbet, quelques unes négligemment couchées sur leurs coussins".

Les peintres, et Ingres le premier, se sont basés sur ce témoignage pour reconstituer les scènes de hammam. D'autres sources complètent celle-ci en ce qui concerne des détails - comme celui des hautes socques dont sont chaussées les baigneuses de Bouchard (Après le bain) ou Gérôme (Grande piscine de Brousse) - ou pour ce qui est des activités succédant au bain, les massages, par exemple.
Sans être aussi franchement impudiques que les odalisques, les scènes de bain restent teintées d'une forte sensualité et le Bain Turc en est certainement le meilleur exemple, ce que nous détaillerons tout à l'heure.