Ingres et Delacroix
C'est qu'en fait l'opposition entre Ingres et Delacroix repose en grande partie sur une caricature. On attribue généralement à Delacroix la lumière, à Ingres la ligne - nous nous sommes déjà prononcés sur ce sujet ; au premier une peinture moderne et rebelle, au second un classicisme quasi académique. Ingres lui-même semble faire partie du complot. Il s'est affirmé comme le champion du classicisme, le revendiquant principalement dans ces sujets historiques, méprisant la peinture nouvelle. Lui-même ne paraît pas s'être aperçu de la modernité de ses propres toiles, qui avaient cependant procuré aux critiques une désagréable surprise, lors du salon de 1806. Ceux-ci avaient en effet été déroutés par l'originalité des toiles présentées, originalité qui s'est conservée dans toute l'uvre de Ingres, même lorsque celui-ci par souci de plaire, à donner à son pinceau plus de gravité qu'il n'en possédait naturellement.