Les retables
Origine et évolution des
retables
Les retables apparaissent au XIème siècle suite à la
modification de la place du prêtre lors de l'office. Celui-ci
avait coutume de se placer derrière la table d'autel, face aux
fidèles. A partir du XIe, le prêtre se place entre l'autel et
les fidèles, tournant le dos à ces derniers. Le regard du
prêtre et de ses ouailles se porte donc derrière la table
(retro tabula). C'est pourquoi on estime alors utile de faire
apparaître des décorations derrière l'autel.
Lorsque la consécration des églises commence à être
étroitement liée à la présence de reliques, des retables
reliquaires apparaissent. A la fin du XIVe siècle, les caisses
deviennent plus profondes pour recevoir des sculptures et
construire un espace en trois dimensions. L'axe du retable
(partie centrale) est surélevé.
La structure des retables
La réalisation d'un retable met en jeu la collaboration de
nombreux artisans (peintres, ébénistes, sculpteurs,
menuisiers...) pour créer les trois parties qui le composent :
la caisse, la prédelle et les volets. Les volets ont une
signification religieuse. Lorsqu'il sont fermés, on ne voit que
leur revers, peint en grisaille : c'est la face quotidienne, mais
aussi celle du deuil et du carême. Lorsque les volets sont
ouverts, ils laissent voir des scènes richement colorées, qui
ont un caractère plus festif. La prédelle à une fonction
pratique : elle permet de fermer des volets sans avoir à ôter
les objets qui reposent sur l'autel.
La caisse, aussi appelée huche, est la pièce la plus
importante. Elle se compose de trois compartiments, dans lesquels
reposent des sculptures produites par groupes qu'il est ensuite
possible d'étager pour donner de la profondeur à l'ensemble. La
structure des retables anversois est constante. Verticalement, on
trouve trois travées, avec une partie centrale surélevée.
Horizontalement, l'espace est composé de deux registres. Dans le
registre supérieur se déroule la scène principale. Le registre
inférieur est généralement découpé en 3 ou 6 petites scènes
(1 ou 2 par travée).
La production anversoise
A la renaissance, deux centres de production de retables se
distinguent en Flandres, Bruxelles et Anvers. Si Bruxelles domine
au XVe, Anvers semble prendre le dessus au XVIe. A cette époque,
Anvers devient le premier port européen et la plaque tournante
d'un commerce dont l'une des composantes essentielles est le
marché d'objets d'art et de luxe. Vers 1500, la production de
retable devient massive. Plusieurs facteurs expliquent ce
phénomène. D'une part, les sculpteurs et les peintres
anversois, contrairement aux bruxellois, appartiennent à la
même corporation, la guilde de Saint Luc, ce qui facilite leur
collaboration. D'autre part, la production anversoise ne se fait
pas sur commande mais en série, à l'avance, pour être ensuite
mise sur le marché. Cela permet une plus grande liberté mais
aussi une standardisation permettant d'accroître le nombre de
modèles produits. Enfin, les sculpteurs et les peintres
appartiennent à des entrepreneurs, qui se chargent de vendre les
oeuvres en gros à des coursiers. Ce sont ces intermédiaires qui
s'occupent ensuite de placer les oeuvres, partout en Europe.
La production anversoise se reconnaît à son emblème, une
petite main (Handwerpen, main détachée) imprimée au fer rouge
dans le bois. Ce symbole se réfère à une légende, celle d'un
géant coupeur de mains, qui terrorisait la population avant
d'être vaincu par le héros local, Brabant. Cette marque est une
garantie non de la qualité du travail (comme c'est le cas à
Bruxelles, mais de la qualité des matériaux utilisés. Il
s'agit avant out de rassurer les coursiers, qui ne sont pas
nécessairement de grands amateurs d'art. Dans l'ensemble, la
production anversoise, contrairement à la production anversoise,
se situe dans une logique plus quantitative que qualitative.
Deux thèmes dominent la production anversoise, la Passion du
Christ et la vie de Marie. L'avantage du thème de la Passion est
de pouvoir concilier les scènes du sacrifice avec celles de
l'enfance du Christ, qui font apparaître le personnage de Marie.
A consulter : le retable de la Passion