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Le Retable de la Passion
(210 x 215 x 26)
Il s'agit d'un retable anversois de 1510 (gothique tardif) qui appartenait
originellement à l'église de Coligny, dans la Marne. Il fut
acheté par le Louvre en 1922.
Ce retable de la passion, dont on ne peut voir que la caisse (on
aperçoit les charnières des volets), constitue par sa structure
une exception parmi les retables anversois, puisque qu'on ne
trouve que deux petites scènes, sous la partie centrale.
Il s'agit d'un retable en chêne. L'humidité lui a fait perdre
sa polychromie originelle, dont il ne reste que quelques dorures.
Certaines pièces manquent, notamment un certain nombre de bras,
ce qui donne à penser que les bras étaient sculptés à part et
ajustés ensuite.
La Passion, au centre, est encadrée à gauche par la
représentation du portement de croix et à droite par celle de
la déposition du corps du Christ. La composition de l'ensemble
forme un triangle dont le sommet est la tête du Christ sur la
croix, les deux axes étant formés par le corps penché du
Christ portant sa croix à gauche et par le corps penché en sens
inverse du Christ mort à droite.
Aile gauche : En haut à gauche, dans l'ombre,
on aperçoit un groupe qui compose le cortège. On distingue la
Vierge et Jean. Sur le même plan, à droite, un soldat pousse
les deux larrons. Au premier plan, le Christ porte une croix et
une couronne d'épines énormes. Sainte Véronique se penche
devant lui. On devine qu'elle devait porter un linge pour essuyer
le visage du Christ. Le bourreau suit le Christ et lui donne un
coup de genou dans les fesse, détail qu'on retrouve dans de
nombreux retables anversois. Les vêtements de plusieurs
personnages sont fantaisistes, notamment la coiffe de Sainte
Véronique. Les silhouettes féminines sont onduleuses, leurs
traits sont lisses, tandis que les figures masculines sont plus
creuses. Les méchants sont identifiables à leurs dents. Deux
petits groupes, accrochés au cadre, entourent la scène
principale. A gauche, se trouvait une représentation de la
flagellation, aujourd'hui disparue. A droite, on observe la
scène du couronnement.
La partie centrale est dominée par le Christ en
croix, isolé du reste des personnages. Derrière lui, le fond
évoque un choeur d'église (au niveau du buste) et la ville de
Jérusalem (au niveau des jambes). Sur les pierres du Golgotah,
deux cavaliers sur leur monture entourent les pieds du Christ. Le
porteur de la lance est monté sur un cheval gris, l'autre sur un
cheval rouge. En dessous, deux groupes s'opposent. L'un
représente la pâmoison de la Vierge, dont le corps souple est
soutenu par Saint Jean et un sainte femme. Marie-Madeleine,
coiffée d'un extraordinaire turban, lui fait face, tournant le
dos au second groupe, composé de soldats insultant le Christ.
Six petits groupes, suspendus à un cadre richement orné,
représentent six des sept sacrements. De bas en haut on observe
à gauche le baptême, la confirmation, l'eucharistie, et à
droite, le mariage, la confession et l'ordination. La présence
des sacrements rappelle au fidèle le rôle d'intercesseur de
l'Eglise. On les retrouve sur un tableau du Prado, anciennement
attribué à Van der Weyden, représentant lui aussi la Passion
du Christ.
Aile droite : Le corps du Christ mort est
présenté frontalement, soulevé par Nicomède. La Vierge
éplorée tient l'un des bras de son fils. A gauche de ce groupe
Joseph d'Arimathie présente la couronne d'épines. A gauche se
tient Marie Madeleine. Au-dessus de sa tête est représentée,
par un petit groupe attaché au cadre, l'épisode du Noli me
tangere. A cette scène fait face le dernier sacrement.
Les deux scènes du registre inférieur qui se
trouvent sous la partie centrale illustre deux passages liés à
la naissance du Christ, l'adoration des bergers et celles des
mages.