Index Les figures de l'Ancien Textament
dans la peinture française du XVIIe siècle

 

Nicolas POUSSIN

 

Poussin est un peintre qui faisait preuve d’une certaine indépendance vis-à-vis de la commande, rendue possible par sa relative son aisance matérielle. Cela est visible au format des toiles qu’il a réalisé, plutôt modeste par rapport à ce qui était à la mode à l’époque.

Le jugement de Salomon, 1649

L’histoire. Deux prostituées avaient accouché à quelques jours d’intervalle. L’une d’elle perd son enfant. Pendant la nuit, elle va substituer à l’enfant vivant de l’autre femme son enfant mort. Le lendemain l’autre femme en appelle au jugement de Salomon. En l’absence de preuve, celui-ci ordonne de couper en deux l’enfant vivant afin que chacune en ait une moitié. L’une des deux femmes le supplie d’épargner l’enfant, préférant le laisser à sa comparse. Salomon reconnaît à cette réaction la vraie mère et justice est rendue.

La scène est ici beaucoup plus lointaine que dans le tableau réalisé sur le même thème par Valentin de Bologne. Salomon est très hiératique sur son trône. Ce dernier repose sur un socle de marbre et est encadré de deux colonnes, symbolisant la stabilité. A gauche, la vraie mère est essentiellement vêtue de blanc et de bleu - couleurs ayant un connotation positive. Elle écarte les bras, effaré par le verdict. Au dessus d’elle, un soldat tient l’enfant vivant par le pied et s’apprête à exécuter l’ordre de Salomon. A droite, l’autre femme est vêtue de vert et de rouge. Elle tient l’enfant mort et tend vers sa comparse un doigt accusateur. De nombreuses personnes assistent à la scène, effrayés eux aussi par le verdict.

 

Moïse sauvé des eaux, 1650

Plusieurs symboles signalent que la scène se déroulent en Egypte : le dieu Nil, allongé en bas à droite et appuyé sur un corne d’abondance ; le sphinx à ses côtés ; au loin, des architectures égyptiennes.
Un groupe de femmes entourent l’enfant. La fille du pharaon est debout au milieu d’elles.
On peut remarquer le mélange entre des représentations religieuses (thème du tableau) et païennes (le dieu Nil).

 

Les israélites recueillant la manne dans le désert, 1637-39

La scène se déroule en trois actes. D’abord les récriminations des hébreux, entraînés dans le désert par Moïse et oubliant déjà qu’ils viennent d’être libérés. Une femme donne son sein à sa mère, devant son enfant qui crie. C’est une image traditionnelle de la charité. Ensuite se produit l’intervention divine. La manne tombe du ciel. Les hommes se jettent sur elle, se battant pour manger. Enfin, en arrière-plan, Moïse montre du doigt l’origine du miracle. Autour de lui un groupe rend grâce. Derrière eux, un gros rocher fendu laisse passer la lumière.

 

Les quatre saisons, 1660-1664

Il s’agit de toiles plus tardives puisque Poussin décède en 1665.

Le Printemps. Au milieu d’une végétation luxuriante, au bord d’un lac, on trouve deux minuscules personnages qui ne sont autres qu’Adam et Eve. A chaque saisons correspondra donc un thème biblique. Eve montre l’arbre de la connaissance à Adam, tandis que Dieu les observe, allongé sur un nuage. La scène peut aussi être associé à un moment de la journée, le matin. Elle est surtout prétexte à représenter un magnifique paysage.

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summerp.jpg (27564 octets) L’été. La scène rappelle l’histoire de Booz et de Ruth. Booz est un homme riche. Il assiste à la moisson de ses champs quand Ruth vient le supplier de la laisser glaner. Elle se présente à genoux devant lui. Derrière elle se tient un serviteur à la pose humble vient souligner l’importance de la scène : c’est en effet de la lignée de Ruth et de Booz qu’est issu ce Christ. A l’arrière-plan, un quadrige de chevaux au pas procède à la moisson, accompagné de faucheurs. Il est désormais midi.

 

L’automne. Le jour commence maintenant à décliner. Deux hommes portent les énormes grappes de la Terre promise, tandis qu’une femme est en train de cueillir des fruits sur une échelle. Le paysage est une fois de plus prééminent.
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L’hiver. Généralement, la peinture représente des scènes hivernales enneigées. Il n’en est rien ici. La scène représente à la fois la nuit et le déluge. On distingue au loin l’arche de Noé. Au premier plan, un serpent glisse sur une pierre. Dans l’eau flottent des noyés et quelques survivants provisoires qui supplient. Une mère sur une barque tend son bébé à son mari sur un rocher. La scène est très personnalisée, ce qui probablement plus efficace que l’étalage de nombreux corps.