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Le Retable du Parlement

de Paris


Le Parlement de Paris est mentionné pour la première fois par Dubreuil en 1605. En 1454, il est fait mention d'un tableau semblable à celui-ci, commandé grâce aux amendes perçues par le Parlement. Il a survécu à la destruction de nombreuses toiles médiévales (à l'époque où elle n'étaient plus estimées), à la révolution et à plusieurs incendies (dont celui de la Commune). En 1904, lors de la séparation de l'Eglise et de l'Etat, les symboles religieux sont retirés, et le tableau arrive au Louvre.



L'auteur du retable reste inconnu. On a supposé qu'il pourrait venir de l'Ecole d'Avignon, qui a fourni beaucoup de retables. Mais le style ne correspond pas. On a également imaginé qu'il pourrait être flamand, à cause des personnes grimaçants dans le style de Bosch et d'une minutie de détails typique des commandes de la bourgeoisie flamande. On a pensé successivement à Van Eyck et à Van der Weyden. Enfin, on a pensé que l'auteur pourait être parisien. Dans ce cas, ce pourrait être J. Fouquet (importance accordée au paysage...)

Dans ce tableau, qui n'avait pas réellement la fonction de retable (retro tabula, derrière l'autel), la prédelle est remplacée par un ensemble de trois panneaux, comportant à droite et à gauche des textes faisant référence à la justice divine, et au milieu un portrait de Louis XII. Le retable est entouré de statuettes d'anges et d'une Vierge.

Le fond comporte un décor urbain, dont la représentation devient à la mode au XVe. Le palais oriental représente Jérusalem. A droite, on trouve le palais de la Cité (palais royal de l'époque). A gauche, il pourrait s'agir du Louvre et de l'hôtel du Petit Bourbon (garde meuble de la Monarchie). On aperçoit derrière le Louvre la colline Montmartre (mont du martyr de Saint Denis).
Le décapité est Saint Denis, patron de Paris et lié au pouvoir royal (emplacement des tombeaux),qui alla du lieu de son supplice à l'endroit de l'actuelle basilique Saint Denis avec sa tête sous le bras. Au pied de la croix gisent des ossements. Dans les Evangiles, la présence d'un crâne est signalée au Golgotah. Selon Matthieu, le crâne du premier homme a resurgi lorsque Jésus a expiré. Saint Jean est à gauche, Saint Jean-Baptiste, patron du Parlement de Paris, à droite. Un agneau sort de la Bible (voici l'Agneau de Dieu qui ôte le péché de monde). A l'extrême droite, on trouve Charlemagne, et à l'extrême gauche (près du trône lorsque le tableau était au Parlement), Saint louis (fleurs de lys, orbe (globe)...), seuls souverains béatisés ou canonisés. Charlemagne avait été béatisé par un antipape, mais les moines de Saint-Denis ont tout de même développé son culte. L'empereur a ici une allure d'empereur byzantin (représentation frontale). On ne possède aucune représentation réaliste de lui. Saint Louis est représenté avec les traits de Charles VII. Il porte sur le côté une aumônière (ou une bourse à reliques). Le culte de Saint Louis se développe surtout après le Moyen Age, il est assez peu représenté avant. Le chien (qu'on trouve souvent au pied des gisants), représente la fidélité des parlementaires au roi.