Mort de la Vierge


Dans l'iconographie classique, on parle de dormition de la Vierge, c'est-à-dire du passage de la vie terrestre à la vie céleste. Les fondements de ce sujet, très présent sur les tympans d'Eglise et dans l'art byzantin, ne se trouvent pas dans les évangiles mais dans des textes apocryphes. La Vierge est généralement représentée entourée des apôtres, enlevée par les anges. Après le Moyen Age, ce thème n'est plus très présent dans la peinture italienne (on le retrouve plutôt dans la peinture nordique).

Le tableau a été refusé, probablement par les prêtres de l'église pour laquelle il avait été conçu, peut-être par le commanditaire. L'un des biographes (et ennemi) du Caravage prétend que cela est dû aux pieds gonflés de la Vierge. D'autres pensent que c'est parce que le Caravage a choisi comme modèle une prostituée (ce qui s'accorde avec la volonté de peindre l'homme de la rue, qui sert de modèle pour peindre les apôtres). Le tableau a été acheté en 1607 par le duc de Mantoue, le plus grand collectionneur italien de l'époque, sur les conseils de Rubens. Il est ensuite passé dans la collection de Charles Ier d'Angleterre puis dans celle de Louis XVI.

Ici les onze apôtres viennent de découvrir la mort de la Vierge. Selon les cas, ils intériorisent ou manifestent leur douleur. Chose inhabituelle, Marie-Madeleine est présente, vêtue de jaune or (couleur de l'amour sacré, contrairement au jaune froid, symbole de la trahison de Judas). La Vierge, cadavérique, est éclairée par la lumière qui tombe du haut à gauche. Selon l'iconographie traditionnelle, elle est en rouge (la teinture y fait écho) et bleu. Elle a une position proche de celle de la croix : cela symbolise la compassion de la Vierge, la plus proche possible de la souffrance du Christ. La bassine fait allusion à la toilette mortuaire mais aussi au baptême, baptême de la Vierge dans le sang du Christ.
La composition est influencée par la position que le tableau aurait dû occuper dans la chapelle (en entrant, on aurait vu en premier la Vierge et Marie-Madeleine)