La diseuse de bonne aventure

 

Rien ne doit distraire l'œil du spectateur de la contemplation de la scène principale. C'est pourquoi les personnages, coupés à mi-corps, occupent toute la hauteur du tableau sur un fond neutre. La diseuse de bonne aventure est une gitane (ou une égyptienne, selon le parler de l'époque, cf. La Esmeralda d'Hugo). On l'identifie grâce à son manteau bicolore (vert et rouge). Elle soutient effrontément le regard du jeune homme, qui, le poing sur la hanche, prend une pose de matador.
Il s'agit d'un gentilhomme (identifiable comme tel grâce à la garde de l'épée, aux gants…). Le chapeau à plumes colorées est le signe d'une vie dissipée. La gitane est en train de dérober l'anneau du jeune homme.

Le Caravage ne dessine pas les plis. Il peint par grands coups de pinceau, en donnant du volume par l'application de tons plus chauds. Il suggère l'espace par l'ombre de la mèche de cheveux : n'étant pas collée au front, elle montre que l'air circule.

Il s'agit d'une sorte de parabole tendant à souligner la vanité qu'il y a à vouloir se faire prédire l'avenir. La lumière, qui tombe du haut à gauche, éclaire le visage du jeune homme en laissant dans l 'ombre celui de la gitane : l'innocent naïf est en pleine lumière, le mal est dans l'ombre. Le Caravage applique ainsi les recommandations du Cardinal Paeloti sur les images sacrées et profanes, qui doivent être lisibles par tous.
Ce tableau a été offert à Louis XIV lors de la venue du Bernin à Paris. Il en existe une seconde version, moins accomplie et dépouillée que celle-ci, au Capitole de Rome.