La crucifixion

Dans un paysage fermé par des montagnes, la croix est plantée sur un plateau rocheux : on y trouve plusieurs trous marquant le passage des condamnés précédants. Pour rappeler la signification du mot Golgotha, Mantegna représente plusieurs crânes (au pied de la croix et des la caverne). Les deux marches au premier plan du tableau rappelle la dure montée au Golgotha.


La crucifixion est une scène narrative qui doit se caractériser, selon Alberti, par une grande abondance de détails variés et de mouvements du corps sans que celle-ci nuise à la compréhension du sujet. Mantegna se conforme à ces préceptes: on reconnaît le groupe des saintes femmes, la Vierge vêtue de noir, soutenue par les autres, un soldat romain et son éponge sanguinolente au bout d'une pique, deux soldats qui jouent la tunique du Christ aux dés, d'autres soldats qui repartent, derrière la croix, les deux larrons (le mauvais larron est du côté du paysage fermé, tandis que le bon larron est du côté de Jérusalem). Saint Jean est appuyé sur la croix d'un larron à gauche. Il est presque de dos : c'est lui qui nous introduit dans l'espace du tableau. A droite, on trouve deux cavaliers (un trois quart dos et un trois quart face) : alors qu'auparavant, les peintres représentaient majoritairement des groupes de chevaux superposés (Bataille de San Romano de P. Ucello), Mantegna montre deux chevaux bien distincts, faisant ainsi état de sa technique.
Mantegna laisse transparaître la tension de la scène (visage de Jean, corps extrêmement allongé du Christ). Les contours des personnages sont encore assez durs. Ils s'adouciront par la suite sous l'influence du beau-frère de Mantegna, Giovanni Bellini.