Fernandez, Dominique

Porporino ou les mystères de Naples

[La vieillesse de Farinelli, commentée par le jeune Mozart :]

« Que pouvais-je répondre ? Quelle attitude convient-il d'adopter devant un homme qui se dénigre avec autant d'acharnement ? Peut-être aurais-je dû me lever, courir vers les fenêtres et pousser les volets qui maintenaient la pièce dans une obscurité artificielle. Je voyais bien ce qui avait pu le conduire à parler ainsi : le chagrin de vieillir, le mépris des polémiques dirigées contre les sopranistes, le désir de se justifier, l'envie d'entraîner avec lui dans sa mort un art qu'il avait porté à son faîte, l'amertume d'avoir sacrifié vingt-cinq ans de sa vie pour le plaisir de deux malades sans compter cet obscur démon qui doit saisir chacun de nous au soir de son existence et lui murmurer à l'oreille : l'unique supériorité qui te reste, c'est de te rendre compte de la vanité de tout ce que tu as entrepris. »


Temps Expérience